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Les Filles du Coeur de Marie : rencontre avec soeur Brigitte

27/9/14

© Récit de Théo  lors de sa mission  d'août 2014 :
 
           Une petite femme souriante vient me chercher après un petit déjeuner succinct et m’annonce une entrevue imminente avec sœur Brigitte, la responsable pour l'ensemble de Madagascar de la congrégation des Filles du Cœur de Marie (FCM) et le premier relais malgache de cette congrégation religieuse présente dans 33 pays et dont la direction est basée à Paris. Après quelques marches sur lesquelles nous croisons un enfant s’occupant avec un jouet en bois, ma guide frappe à une porte.
 
          Sœur Brigitte n’est pas vraiment l’image que l’on pourrait se faire d’une sœur malgache. Vêtue en civil, tout comme sœur Eliane, maquillée et le cheveu court, elle passerait plutôt pour une businesswoman déterminée. Nous échangeons quelques paroles chaleureuses et entamons notre discussion dans un bureau frais et éclairé.
 
          Les FCM sont arrivées en 1959 à Antanarivo, la capitale, puis elles se sont développées dans l’ensemble du pays. Ainsi on compte aujourd’hui trois communautés religieuses à Tana, et d’autres à Antsirabe, Ambositra, Imito, Fianarantsoa, Port Bergé et Majunga, soit un total de 9 communautés. Ces dernières œuvrent toutes au développement social et au traitement de la pauvreté, et ceci en se concentrant principalement sur les enfants, même si leurs modes de fonctionnement ou leurs cibles directes peuvent varier d'unsite à l'autre.
 
      Sœur Brigitte RAZANAMALALA, responsable de la "province" de Madagascar des Filles du Coeur de Marie

 A Tana, le centre pour enfants accueille entre 150 et 200 enfants selon les périodes, du nouveau-né à l’adolescent de 16 ans. Les nourrissons sont généralement des enfants abandonnés par leurs mères en raison de l’extrême pauvreté qui touche une part importante de la population. Ces enfants sont alors recueillis par les FCM, nourris, vêtus et éduqués toute l’année. La prise en charge par la communauté religieuse dure jusqu’à leurs 16 ans et le financement est en grande partie permis grâce à un système de parrainage par des français, notamment des Lillois.
 
Après cette période d’éducation, les sœurs font appel à des assistants sociaux pour rechercher les parents des enfants. En effet et même si ce n’est pas toujours le cas, la plupart des nourrissons recueillis possèdent des papiers qui permettent de faire le lien avec leur famille. Le but est donc de restituer aux familles des jeunes en bonne santé, sachant lire, écrire et ayant été élevés dans la morale religieuse. On imagine facilement la joie des parents lors de ces retrouvailles le plus souvent inattendues. Mais certains adolescents préfèrent voler de leurs propres ailes. Les orphelins, nombreux dans ces centres, sont quant à eux orientés vers une communauté de prêtres où ils sont initiés à des métiers mécaniques dans le but de les rendre autonomes et responsables.  Certains d’entre eux sont toutefois "irrécupérables" et seront malheureusement laissés à une vie de larcins … Pour les plus sérieux et les plus travailleurs, un accès à l’université est possible !
L’aide sociale dispensée par les FCM s’organise également sur le modèle des « centres de jour », des écoles primaires dans lesquelles les parents déposent leurs enfants pour la journée afin qu’ils soient nourris et instruits, choses impossibles autrement du fait de leur dénuement. De plus, les Filles du Cœur de Marie ont mis en place une école payante pour filles issues de familles dites « favorisées ». A la sortie de cette école qui accueille entre 50 et 80 jeunes filles selon les années, les chances de poursuivre leurs études au lycée puis à l’université sont grandes.
 
        L’ensemble de ce système est permis grâce  la formation d’éducateurs sociaux, formation que les Filles du Cœur de Marie gèrent directement. Il est réjouissant de constater que certaines des jeunes filles ayant bénéficié de l’éducation des FCM peuvent être croisées dans ces Instituts de Travail Social. Ainsi un cycle semble s’être installé, pérennisant l'action sociale et rendant les jeunes conscients que la lutte contre la pauvreté via l’éducation est possible.
 
        Qu'en est-il de l’association française Esperanza Joie des Enfants dans le fonctionnement des centres ? Sœur Brigitte me parle d’un mémoire sur les cantines scolaires réalisé par l’une des sœurs de sa congrégation afin de lancer un projet similaire dans la ville d’Imito. C’est à la suite de ce mémoire, qui apparait en fait comme une demande d’aide, que le lien avec Esperanza a été tissé. Le partenariat entre les Filles du Cœur de Marie et Esperanza facilite grandement la mise en place de ce type de centres éducatifs, que ce soit sur le plan financier ou logistique. Je reviendrai plus en détails dans un prochain article sur la nature de ce partenariat, son organisation, ses conditions de succès et sur ses nombreux avantages.

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