Je rencontre aujourd’hui sœur Nory à Imito, une petite ville accrochée à la montagne dans les alentours d’Ambositra, réputée pour ses sculptures et son artisanat traditionnel. Sœur Nory, membre de la congrégation religieuse des Filles du Cœur de Marie, dirige depuis quelques années le collège Saint Joseph d’Imito, dont les classes s’étalent de la maternelle à la 3ème. Ce collège assure également à ses élèves un repas équilibré et quotidien, financé par l’ONG française Esperanza.
A première vue, difficile d’imaginer que la vieille bâtisse délabrée de deux étages puisse accueillir tous les jours plus de cinq cents enfants. En effet, le collège est dans un piteux état : murs attaqués par l’humidité du fait de la mauvaise isolation, chaises et tables vétustes, fenêtres brisées ou absentes, … l’établissement n’a pas été rénové depuis sa création, il y a 130 ans de cela, ce qui crée des difficultés évidentes. Ainsi, au-delà de la question du confort des élèves et des professeurs, clé importante de motivation, le délabrement du collège a d’autres conséquences. Par exemple l’isolation phonique très moyenne, pour ne pas dire inexistante, entre les classes fait que les professeurs se dérangent mutuellement pendant les cours, leur voix portant au-delà des fines cloisons ou des planchers espacés. Par ailleurs le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter et, bien que cela réjouisse sœur Nory d'apporter l’éducation à de plus en plus de jeunes, elle déplore le manque de place.
En effet, le nombre de salles de classes existantes ne permet déjà pas d’accueillir l’ensemble des élèves. Ceci pousse la direction du collège à emprunter annuellement à la paroisse de la ville des salles qui jouxtent l'école afin d’assurer le bon déroulement des cours, situation qui ne saurait durer. L’ensemble de ces facteurs explique pourquoi à la question « Quel est aujourd’hui votre besoin le plus urgent ? », Sœur Nory répond sans hésiter : « la rénovation de notre collège ».
Le collège Saint Joseph d’Imito présente un très fort potentiel, aujourd’hui limité par son état physique. Une telle rénovation lui assurerait à l’avenir de se poser comme un acteur majeur de l’éducation dans la région, où une majorité des élèves sont forcés de parcourir tous les jours une grande distance à pied afin de suivre les cours. Les résultats du collège sont encourageants et s’améliorent d’année en année, preuve s’il en est de l’efficacité de l’enseignement assuré par la congrégation des Filles du Cœur de Marie et ses professeurs. Ainsi les résultats au CEP en 2014 furent de 95% (Sœur Nory espère fermement atteindre les 100% en 2015) et ceux au BEPC furent de l’ordre de 55%, ce qui se situe au-dessus de la moyenne de Madagascar (44%). Par la suite, même si ces cas sont isolés, quelques élèves ont la chance de poursuivre leurs études au lycée. Le reste des enfants est malheureusement contraint de travailler jeune du fait des frais de scolarité (40.000 ariary par an, environ 10 euros) et du manque à gagner que représente un an de cours pour une famille en difficulté. Quoi qu’il en soit, ces enfants qui, même jeunes, doivent quitter le cursus scolaire, seront des adultes qui savent lire, écrire et s’alimenter correctement, ce qui est loin d’être une généralité dans le pays (on estime le taux d’alphabétisation à seulement 65% en 2012).
Pour la rénovation des bâtiments, plusieurs pistes ont été explorées par les Filles du Cœur de Marie. La première fut de financer l’agrandissement du collège avec l’aide des parents d’élèves. Ceci a permis de débuter la construction d’un vaste bâtiment annexe au bâtiment principal, mais le projet fut avorté en raison de l’arrêt des dons, et le chantier laissé à l’abandon. Aujourd’hui, Sœur Nory en appelle aux ONG pour lui permettre de mener à bien son projet de rénovation et d’agrandissement. Elle espère une réponse positive de l’ONG espagnole Manos Unidas qui a déjà, entre autres actions, financé la réalisation du collège des Sœurs Trinitaires de Valencia à Antsirabe, la deuxième grande ville malgache. Mais devant l’absence de confirmation de la part de l’ONG, Sœur Nory compte bien développer d’autres partenariats avec d’autres associations. Celle-ci ne se fait guère d’illusion et n’espère pas que le projet aboutisse avant la rentrée mi-octobre, mais elle compte bien le mener à bien pour la rentrée suivante.
Le collège Saint Joseph d’Imito apparait donc comme un vaste « gâchis » : malgré ses bons résultats, la qualité et la motivation de son corps d’enseignant, l’afflux croissant des élèves et la distribution (aux élèves comme aux enseignants) des repas sains d’Esperanza Joie des Enfants (qui contribue de manière décisive à l'assiduité des élèves et à leur attention en cours), le non financement de sa rénovation pose des limites infranchissables à ses ambitions. Il est regrettable de voir un tel potentiel limité pour des raisons matérielles, regrettable encore de constater le peu de marge de manœuvre dont dispose sa directrice, Sœur Nory. Ici plus qu’ailleurs, le soutien des ONG apparaît comme l’unique solution permettant, sur le long terme, de mener à bien ce genre projet à l’importance capitale pour le dynamisme et l'avenir des régions de la Grande Ile.
je suis originaire d'imito. Moi aussi j’étais élève de cette collège de n'anée 2003-2007. par là j'ai reçu le BEPC je voit qu'il avait deja une renovation sur cette college.